Par le Père Yvon-Michel Allard, s.v.d., directeur du Centre biblique des Missionnaires du Verbe Divin, Granby, QC, Canada.
Quand arriva le moment où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait prodigué sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l'enfant. Ils voulaient le nommer Zacharie comme son père. Mais sa mère déclara: «Non, il s'appellera Jean.» On lui répondit: «Personne dans ta famille ne porte ce nom-là!» On demandait par signes au père comment il voulait l'appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit: «Son nom est Jean.» Et tout le monde en fut étonné.
À l'instant même sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia: il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors les gens du voisinage, et dans toute la montagne de Judée on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient en étaient frappés et disaient: «Que sera donc cet enfant?» En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L'enfant grandit et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il devait être manifesté à Israël
Un peu partout dans notre Belle Province, nous proclamons l’attachement que nous avons à nos origines : «Je me souviens». Les véhicules immatriculés au Québec affichent fièrement cette invitation qui nous rappelle notre histoire, nos ancêtres, notre héritage culturel, notre langue maternelle, nos traditions. Et le 24 juin, fête de Jean Baptiste et fête des Canadiens français, nous célébrons ce passé glorieux chanté dans notre hymne national.
La naissance de Jean Baptiste est une fête universelle dans l’Église, mais pour nous, au Québec, elle revêt un caractère tout à fait spécial. Nous sommes invités à réfléchir sur notre histoire collective et sur ce que Jean Baptiste représentait pour ceux et celles qui nous ont ouvert le chemin vers l’avenir.
Pour plusieurs d’entre nous aujourd’hui, ces souvenirs historiques sont très sélectifs. Bon nombre de Québécois et de Québécoises célèbrent le passé mais en omettant tout l’aspect religieux qui était si important pour nos ancêtres. On n’a qu’à se promener dans nos villes et villages pour nous rendre compte du rôle de la foi chrétienne dans les familles d’autrefois. Partout il y a des églises construites par les gens de ce pays, les foyers chrétiens affichaient leurs couleurs à travers les croix de chemin, les statues et les images des saints, les prières en famille, les fêtes religieuses, l’appartenance à la paroisse, etc.
On a souvent dit qu’un peuple qui n’a pas de passé, n’a pas d’avenir. Il nous faut éviter d’ignorer une partie importante de notre héritage ancestral. Bien sûr, il y a plein de choses que nous pouvons critiquer aujourd’hui et que nous rejetons dans ce passé, mais les traditions québécoises ont fait de nous ce que nous sommes maintenant. Il est bon d’assumer pleinement nos origines et d’en être fiers.
Jean Baptiste était un homme de foi profonde et de conversion permanente : «Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche.» Il savait qu’on ne peut atteindre la maturité dans la foi et dans la vie sans une conversion constante. Julien Greene disait : «Le Chrétien est une personne qui se convertit tous les jours».
Plusieurs pensent que la conversion c’est seulement pour les autres! Certains se disent : «Je n'y peux rien. C'est mon caractère. Je suis comme ça... » L’espérance évangélique nous assure que personne n’est enfermé dans son passé, dans ses mauvaises habitudes et que tous nous pouvons nous améliorer et changer quelque chose dans notre façon d’être.
Notre patron, Jean Baptiste nous invite en cette fête nationale à lutter contre la paresse qui nous empêche de nous engager, à mettre de côté l’orgueil qui refuse de faire le premier pas et de pardonner, à changer notre tempérament agressif, à intégrer notre foi et nos valeurs chrétiennes dans notre vie de tous les jours…
La conversion n’est jamais faite une fois pour tout le reste de la vie. C’est pourquoi, au début de chaque eucharistie, dans la prière pénitentielle, nous demandons pardon de nos fautes.
Grâce à leur foi simple et profonde, nos ancêtres accueillaient le pardon du Seigneur dans la fidélité et la persévérance. Nos parents et grands parents étaient fidèles au Christ qui les invitait à garder leur lampe allumée, à travers vents et tempêtes, à travers les doutes, les découragements, les adversités de la vie. «Soyez fidèles jusqu’à la mort et vous recevrez la couronne de vie.»
Pendant les jeux olympiques anciens, en Grèce, on proposait une course qui consistait non pas à courir le plus rapidement possible, mais à croiser la ligne d’arrivée avec sa chandelle allumée… Ceci est une belle image de la foi qui nous accompagne pendant toute notre vie et nous permet d’arriver à la fin de la course avec notre chandelle allumée!
Jean Baptiste nous invite aujourd’hui, en cette fête du 24 juin, à redresser les sentiers, à combler les ravins... Le paysage dont il parle n’est pas le paysage de la Palestine mais celui de notre coeur. «Convertissez-vous et laissez-vous transformer par Dieu».
La conversion redonne de la valeur à notre foi chrétienne. Elle nous permet de transmettre à la génération suivante la foi que nous avons reçue de nos ancêtres. Souvent aujourd’hui nous avons l’impression que cette transmission de la foi ne se fait plus. Le chaînon s’est brisé. Il faut se rappeler qu’on ne transmet que ce qui a de la valeur à nos yeux !
Jean Baptiste invitait les gens à se convertir afin de retrouver en eux le feu sacré. Ceci leur permettait d’apprécier leur foi et de la transmettre aux autres.
En cette fête de notre patron national, faisons un effort pour attiser en nous le feu sacré et redonner à notre souvenir collectif toute la place que la foi chrétienne occupait dans la vie de nos ancêtres.
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Source des images: (1) Méditation, par Rembrandt, Musée du Louvre. (2) www.icones-grecques.com